Ces formes brèves aux apparences naïves
et pourquoi pas populaires et chantantes
sont sans prétentions, ni corrections
le 7.10.2018
c'est dimanche
on dit ce qui est là
c'est à dire rien
on était tellement crevé
qu'on n'a pas entendu les cloches
pour une fois, c'est cool
il fait gris et gris c'est ce qu'on voulait,
sans nuances, pour une fois, ça tombe bien
on sort pas
on bédave
on se tiens chaud
on lit des textes
on fait des bonhommes qui gonflent des pneus
on dessine des garages ou des cirques
on distribue les dernières nouvelles du crocodile
c'est à la fin du livre.
un jour sans rien
qu'on s'est pas tiré dessus ou quoi
ni qu'on s'est cassé le dos encore
à ramasser les patates, les prunes
à porter des litres d'eau, de malt, brasser
à fabriquer des images, des sens de lectures
ni jeté des trucs à la gueule
des mots ou autre
à faire des livres, écrire ça
on écrit ça,
pas besoin.
on n'a rien foutu d'aujourd'hui
et c'est temps mieux.
instauration des jachères
et des temps perdus.
vous n'aurez qu'à finir l'histoire,
si vous y tenez.
le jour se lève il est 16h30.
remaniez,
le printemps s'achève,
on est en octobre.
on avait gardé nos short,
putain l'état,
l'état actuel.
- on fait pas semblant tu sais,
- on se cultive pas
on n'a pas la place pour parler,
on a des mots comme :
stagiaire.
on a des mots comme :
bif.
on n'est pas spécialistes,
on sait pas,
sauf que,
des mots qui s'éteignent,
c'est pas bon signes,
on sait ça,
alors on préfère se taire,
tu vois.
on veut pas voyager comme ça
on fait des phrases qui ressemblent aux autres
des phrases quelconques,
une écriture quelconque.
mais on ne vit pas d'amour,
et l'eau n'est plus très fraîche
chaque jour se déclare,
comme une guerre
on partage,
peu de mots,
peu d’appétit,
ou des désirs de tables pleines,
et débordantes, la plaine,
d'alcools en tous genres et d'assiettes
sauvages, palplanche, c'est prêt,
à table, émeute !
On noirci la carte,
on ne pensait pas y aller,
c'est pour ça,
là,
perdu là,
loin d'ici.
on ne s'éclate pas,
à se faire prendre
au jeu de ton manque,
on dose
on va s'étaler,
ne pas trop en raconter.
___
le 24.11.2018
ministre de l'intérieur n'est pas inquiet
police tire balle de caoutchouc
10h45 premières barricades
un feu plié trou le sol en tranche
le dress-code c'est signalétique
ambiance logistique 90
12h25 camion blindé
ministre n'est pas inquiet
mais blanc comme un cul
acab et A écrits sur restaurant
les champs changent de gueule
ça cri démission
ça cri destitution
ça sent sédition
et pneu qui brûle
et gaz au poivre
niquer paris est le chant
les bourgeois se rassurent entre eux
sur les plateaux on fait venir un spécialiste
de la gauche radicale
qui dit que c'est la droite
on dirait des enfants à l’abri
dans une cabane sous l'orage
pendant que ça pète
j’étends le linge
je prépare le repas
la journée devrait être longue
barricade défaite
barricade refaite
14h c'est l'anarchie
dit quelqu'un
qui le dit à quelqu'un
ça dépave ici et là
une femme dit que c'est le début
d'une révolution
foule prend possession
de la devanture
du magasin
pour fabriquer
barricade
non ignifugée
cocktails molotov lancés
sur les CRS
à hauteur du Disney
Store
prise des engins de chantier
pour pousser les barrières
certain disent vouloir renommer
les champs élysées
en avenue de la révolution
on entend que pour parer l'émeute la nuit
l'état va déployer ses milices sans uniformes
les flics hésitent
les riches à la télé font semblant
de comprendre
nombreux blessés
paris france hospitalité
la population charge
les nuages se dispersent
le soleil brille
sur les flammes de la terrasse
du café george V
ou de la grue
ça va jusqu'à saint lazare
22h17
après la douche
et le repas
on lit
retrouve moi
de browne
___
Entre le 24.11 et le 07.12.2018
il n'y a pas mille deux,
ni même cinq cent,
à la fin du mois,
et des temps,
on ne fait que compter
les jours, les heures,
ce qu'il faudrait,
ce qu'il manque,
puis on fini,
par ne plus compter,
que sur nous même,
aucun dispositif,
même d’exception,
ne résiste,
à la colère,
de cinq mille corps,
mon quotidien,
improvisé,
de derniers actes,
sur tes murs en faille
viandes démobilisés,
il n'y aura plus rien,
pour nous tenir en respect,
je ne dors plus,
c'est la chance,
qui se lève tôt,
notre économie,
est sans limite,
et nombre d'entre tous,
ont trouvé
en fin une voie,
de professionnalisation,
casse et désordre en tous genres,
dis tu,
voilà une intermittence en or,
pas de tickets césu,
mais de nombreux avantages,
temps partiel et taux plein,
par-brise-parpaing,
et chaque matin,
la faim,
ah tiens,
revoilà les miettes,
pendant que les immeubles s'effondrent,
c'est la police que tu augmentes,
pour que ce peuple crève,
c'est la soupe au mérite,
contre 3% de plus,
ajouté au moins,
si jamais,
et j'effrite,
comme pour taire,
toute la haine,
que l'on traîne,
conditionnelle,
et en sursis,
leur fonction,
c'est t'empêcher,
empêcher toi,
et tous ceux que tu es,
de nuire à ce qui t'es fait,
c'est trop tard,
est ce qui est dit,
alors,
c'est depuis trop tard
que l'on parle désormais,
que l'on écrit,
ton état,
dit-de-droit,
agenouille ses enfants par millions,
et c'est proche du lycée Saint-Exupéry,
à la
J à l'envolée,
qu'on te demandera de dessiner
le plus rapidement possible
et les yeux bandés,
un mouton,
un mutin,
une commotion,
on peut niquer ta mère de poésie,
et ses formalités,
j'écris depuis ailleurs,
depuis cette révolte sans style,
faite avec ce qu'il y a,
on fait ce qu'on peut,
et pas toujours ce qu'on veux,
c'est ce que dit la chanson,
que tu n'écouteras sûrement pas,
les murs tombent,
et personne,
ne rendra docile une ruine,
les murs tombent,
les rats se déplacent,
rats que nous sommes,
rongent tout ce qui passe,
pour la forme,
et feu le président,
se souviendra d'une soirée,
avec la pyramide en fond,
un jour de pluie à paris mais,
il n'aura fallu que quelques saisons,
(...)
___
Courant octobre,
La vie manifeste à publié le texte
LOTISSEMENTS, naissance de l'abondance.
lisible ici :
http://laviemanifeste.com/archives/11869