09/03/2019

de la repr





                                                                                                 2018

Amorces



Publication dans
le numéro 19 de la revue Nioques
et lecture à Paris en avril 











poème depuis trop tard






on avait bien prévenu
depuis la plage
que le retour
serait impossible


on avait bien dit
constat de vos troubles crises
agents de la représentation
qu’on ne distinguait plus bien
l’uniforme du civil

que le civil lui-même
c’était confondu
de la tête au cul
dans le décors qui l’habillait

ce qui devait arriver arrive
nos jolis petits poèmes
de prospectives abrasives
ont été concurrencés par le réel

c’est ce qui est dit
et encore

le réel comme on le nomme
aurait pris un peu d’avance
sur le retard de votre poussive réalité

sachez
pour commencer
qu’on ne discute pas avec les traîtres

voici l’une des marques de notre primitive éthique
nous parodions vos prétextes fabulistes-démocratiques

c’est peut être aussi et selon vous
le signe de notre manque d’ouverture
condensé de sommes de mauvaises volontés
notre part
cet éternel manque de civisme
dites vous

étrange chose que l’injustice
se plaigne de l’incivilité


il nous faut vous faire remarquer
qu’à ce jour
la violence présumée
s’est contentée de pousser les portes
de vos taudis de parts de sièges

nous ne sommes pas entrés

nous autres un peu sauvages
mais foule est faite de sages

nous renifler d’abords
nous sentir
nous mordre ensuite

tous les corps de métier sont à la rue
boxeur dernier en date
à quand les artificiers

désormais
c’est le 1er mai toute l’année

notre propre est de ne rien pouvoir prévoir
d’y voir suffisamment clair pour faire sans prédire

est là votre gène

ce qu’il manque à la gouvernance
c’est la vue et l’ouïe
ils cherchent déjà et toujours
en temps de chute
les oreilles et les bouches corrompues
quelques yeux en manque d’attention

je t’écris depuis ce lieu quelconque
que tu sauras sans doute retrouver
appuyé de quelques de tes agents appareillés

ce lieu vague et mouvant
des lieux que je suis en lieux que je foule

depuis la plage que j’ai quitté
au dehors du désert
de communes petites entreprises en crise

depuis ce lieu quelconque qui pourtant t’échappe
des menaces que nous sommes
champs, rues, aéroports, gares
depuis l’attente et depuis trop tard

pour conjurer le vide qui te constitue
tu te nourris de nos expressions
de ce que tu en tires de conclusions
tu te nourris et nourris ainsi
les récits que tu montes et qui justifieront
les moyens de ta piétinante progression

tu te renseignes
l’air de rien
tes supérieurs fabriquent
les croisements qui te serviront à relier
le balbutiement de tes organes vérolés
l’air de rien
te pensant camouflé de tous
protégé

ce qu’il reste à faire
en ces temps qui mettent
à nu tout le jeu pipé
que tu souhaites voir perdurer
à nu l’incertitude et l’impéritie
qui on fait des tiens les héritiers
d’un bien pourtant commun
à nu

ce qu’il nous reste à faire
c’est te conseiller
te faire part
de nos bons conseils d’ouvriers

dans la seule langue que tu connais
nous allons t’entraîner
produire du collectif
faire de toi un concourant
nous serons créatifs
tu deviendras le devenir
l’acteur de ta propre victoire
tu as le premier rôle
au sein d’une organisation systémique
c’est une séance participative
sur le thème du départ

notre vœux le plus sincère
tu le sais
alors voilà
pars, quitte
ton poste, ta fonction
tes horizons magouillards
les dessous de table que tu sécrètes,
ta somme de sales petits mensonges
ce que tu appelles encore carrière et mérite
fuis, cours, quitte

sache qu’il n’y aura pas de discussion
pas d’ordre possible
pas de retour probable
on sait se pendre à tes mots
nous ne venons de nulle part

sache que si tu insistes
si tu persistes
à venter la fermeté comme seule oraison
c’est la fermeté qui viendra à toi
mais cette dernière sera celle de la fureur
et l’histoire sait où et comment
l’humanité à su se perdre
se confondre en charnier

au fond
tu suis ce chemin là
car c’est cela ton manque
l’air de rien
ce que tu souhaites
des images de suite et de fins

plus rien ne tiens
partout d’imbéciles fascistes
prennent les pouvoirs
de n’avoir qu’en unique projet
l’anéantissement de tout
ce qu’il reste de vie sur cette Terre

tous agissent en colons décérébrés
bafouent les droits premiers
tous incapables de reconnaître
de percevoir
incapables de sentir
de voir
d’embrasser ce qui est là

tous poursuivent de viles manœuvres
aux services de leurs poches et de fait
contribuent à l’enracinement d’une misère
sensible, matérielle, affective

voilà pourquoi et comment
toi aussi
tu es arrivé là

si nous ne faisons pas tomber
les pouvoirs en place
et l’ordre nauséabond
qui règne sur nos vies
cette terre qui nous précède
faite de tous les éléments qui la soude
ne tardera pas à disparaître

je t’écris depuis trop tard
pour t’aiguiller
comme on aiguille à notre façon
les castors contenants que tu achemines
discrètement

agent
dis à tes supérieurs
de mettre la clé sous la porte
nous nous chargerons nous même
de l’état des lieux

dis leurs qu’il n’y a pas de gueux
et qu’internet n’est pas la raison
de la présente colère bourgeonnante

dis leur que nous redistribuerons
les terres et les pierres

dis leurs encore
que ce qu’ils craignaient hier de l’outre-mer
suit sont court incendiaire
ici même

qu’il ne faudra pas plus de trente semaines
pour faire de la France un pays insulaire

nous connaissons les arrières-cours
la gestion des foules
la fragilité des poutres

tous ce qui t’échappes t’effraie
nous sommes de ceux là

aucun de vos vieux jeux
prétextes à urbanisme
ne suffiront à éteindre le feu
sur lequel on souffle

dis leurs et dis toi
que la fête a commencé

qu’apogée et périgée
en cette époque se confondent

dis leur d’ordonner aux troupes
le retour au panier
d’abandonner toute perspective
offensive et défensive
ne sacrifiez pas les vies
de ceux qui osent encore
retenir vos murs
de leur indiscutable
dessein de ruine

la colère débute déjà
à vous être retournée

avec le temps
nous avons appris
à compter nos morts

dis leurs et dis toi
que la fête a commencé
et qu’une fête qui bat le terre-plein
ne se termine pas toujours bien

depuis nulle part
depuis trop tard


janvier 2019 

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Texte publié sur le site lundimatin :
https://lundi.am/Poeme-depuis-trop-tard


Retours sur Constats (2015)

Constats
2015, extraits.
1- Mouvement d’eau. Eau (allers). Ressac. Chaque obstacle est amplifié. Mouvement d’eau marque le sol. Retient. Mouvement d’eau devient mouvement du sol. Mouvement dessiné en empreinte. Traces. Puis effacé. Remarqué. Mouvement remarqué de l’eau. 
2- Sol dur. Corps lourd. Corps marquant le sol. Sol marquant le corps. Réversibilité.
3- Sur la petite commune. Geste partagé. Mouvement d’émeute. Avant construction. Ou brèche. Sans construction à la suite. Sans suite autre que le souvenir. 
4- Voyage. Nourri l’homme. Conscience d’un retour (daté). Situation avec une fin. Sans conscience de retour (daté). Voyage perpétuel (fixe). Atopique (géographies variables)
5- Mouvement d’eau descendant. Production des nuages de sables. Appauvrissement du sol.  Gradation.  Dégradation.  Stabilisation.  Mouvement  d’eau  ascendant.  Brouillard  de sable. Anarchie de l’eau et du sable. Court arrêt. Mouvement d’eau descendant.
6- Sol dur. Invariable.
7- Sur le souvenir de la petite commune. Commune de temps et de lieu. Événement succinct. Place publique. Gazage. Refus. Retrait recul des forces de l’ordre banalisé(es). Gazage. Retrait pour éviter arrestations. Projectiles. Encerclement. Corps de gaz. Brûlures. Toux. Bile. Rejets. Retrait civile et policier.
8- Genoux pliés. Pieds vers l'intérieur. Cuisses (muscles) tirés. Dos tiré. Nuque tirée. Bras longs. Poignets fins supportant mains longues et lourdes. Particularité ossature colonne deux crochets au lieu d'un. 
9- Avenue moyenne. Graviers. 
10- Avancer vers (eau). Des trous en cône ou cône inversé. Sol mouvant. Avancer. Creuser jusqu'à l'eau. 
11- Ascèse. Bourdonnement des os dans le corps. Exercice du refus. Détachement de la vue proche vers vue lointaine. (intérieur) Reconnaître l’indicible. Pliures (extérieur / intérieurs) Diminution de la vue (physique). Diminution physique. 
12- La roue doit tourner pour tirer la pierre sous la pression du pied. Le vitriole mort la pierre.  L'image  monte.  Jambe  trop  légère  sur  le  bois.  Pression  bras  longs.  Vingt-sept passages. Le vitriole mort l'image. Fait disparaître. 
13- Le plomb est fondu à 280 degrés comme Saturne. 
14- Le vitriole mort l'image. La nuit ne passe pas.
15- Nous ne pas (dysfonction) le cœur tremble ( assuré) 
16- Demain train 12h07 sans correspondance direct 
17- Les barreaux durs du lit à monter nu ( pieds) . La chaleur dure à tenir haut nu (buste). Le dehors éteint  sec  patiente tiède (nuit) jusqu'à prêt dure (aurore)  puis  plus encore (barreau)  écrasant  titube droit  tête  aux  yeux  vers  le  bas  (sol)  Le  sol  vers  la  marche (décélération) tâcher de mourir puis revenir ( réveiller, acte de ) Quitter.
18- = Enjamber / -bement 
19- Notes sur l'île de Patmos et liens. ( Jean / représentant des- / lettres / livres / brochures / lettres / métiers de- / métier du- / Martyr de / saint de- des- du- / ref.  :Sokrat (inversé) 
20- Mouvement de l'eau. Ne rien représenter.
21- Permanence du départ. Incomplétude de l'attente. Retour perpétuel. Fuite en avant.
22- Lieu sans lieu. Présence sans être. Corps sans lieu. Lieu sans être. Présence sans corps. Être sans lieu.
23- Plomb / Tape / Tapée / Moule / Pression / Plomb / Marquage / Saisie / ( césure ) / Tape / Forme de plomb
24- De carte en carte dépouillé même du manque.
25- L'heure. Chercher l'heure. Avoir. (ne pas). Avoir l'heure. Trouver l'heure. Chercher. Quel temps. Combien de temps. Quelles heures. Quelle heure. Combien. (reste). Chercher les restes.
26- Empêchement. User. Produire. Empêcher. En user. User de l'empêchement. Écrire. Écrire au fond (vers le fond/ un fond / à fond / ) En sortir (de). ( + ou – soi )
27- Il y a encore des châteaux. Il y a encre des familles. (qui dominent qui dominent)  : -les terres – les hommes - les villes – les régions – les pays – les mondes .
28- Archaïque comme le présent perpétuel Archaïque  comme toujours déjà Archaïque comme le plus proche Archaïque contemporain.
29-Port de plaisance : naufrage, crue, sécheresse, vase, vagues, tempêtes, nausée, noyade, hydrocution, tonnerre, suffocation, destruction : port de plaisance. 
30- La mer sur ses rives rejette nos corps. Corps échoués emportés. Donnés au ressac et humeurs houleuses. La mer sur ses rives nous renvoie. L'océan nous rend. Le voyage périlleux et clandestin de la vie. Vies venues de trop voilà leurs constat terrible. Vies viennent  remontent  des  eaux  sombres  et  troubles  ;  notre  présent.  Clandestin  c'est l’existence d'une  terre à  l'autre  clandestin  migrant migratoire est le destin de  chaque homme. La mer sur ses rives, que le temps emporte, à tout ce que l'on ferme, éclot le néant, que des chemins incomplets, la mer sur ses rives, nous rend ce que l'on noie. L'océan n'oublie pas.
31- Table. Table collante, table à sept coins. Trou au centre. Tours du centre. Trois trous triangulaires. (trois) . Tourne table (tournée). Trois pieds. Sept coins ou tranches. Tables bois. Trois pieds. Table stable. Trois étrilles dans le bois. Trois pieds métalliques. (de fonte ou en fonte). Une base tenable. Table collante.
32- Chaise. Bois. Demi-hauteur. Quatre pieds. Un dossier. Conscience d'un dossier. Bois peint. Quatre moins une (nombre de). Dossier stable. Chaises fois quatre en tour de table. Stable. Chaises simples. Sans âge. Plus ou moins.
33- Bois. Bois non-ignifugé. Bois prenant -eau/huile/feu. Bois fumant (pouvoir de). Fumée. Bois fumé. (possible de- / projection). Bois brûlé (brûlant). Image (de-par-pour-provenant). Bois brûlé (carbone/charbon). Bois projeté. Sciure possible. Bois possible.
 
 Extrait publié dans le numéro 15 de la revue Nioques (2016)
 
 - J'ai débuté cette écriture en mars 2015, comme une partie d'un tout, un fragment composé de fragments. Cette partie est celle du constat simple, d'une tentative littérale et objective. Il s'agit pour moi, ici, d'écrire dans le détachement le plus complet. Faire ce geste. écrire comme on tape une déposition.  après accident. Ne plus bouger, diminuer le souffle, toutes les traces possible d'un moi, s'effacer, pour dépeindre ou recopier le monde et ses restes.  Cette écriture est aussi un pont entre la pratique plastique, matérielle et la pratique écrite. Une suite d'ingrédients possibles, de propriétés et d'observations nécessaires. Je compte poursuivre cet exercice, contre mon temps. Contre les émotions factices de ce temps.  (janv.2016)
 
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