08/10/2019

Lotissements



Lotissements
naissance de l'abondance
 (extraits choisis)

un autre texte en cours d'écriture
version brouillon comme tout ici, 
non corrigé pas mis en page.

Quelques fragments ont été publiés
 dans le journal Hector.






On peut ausculter le temps, couper l’herbe avec les mains. Regarder les voitures passer, poser des clous sur les routes, pour voir les choses s’arrêter, faire des puits. De petits puits d'herbe séchée, de paille, des nids comme des puits. Au centre dans le creux on y place le papier de riz rouge, celui qui emballait les petits explosifs. On fera sauter les machins plus tard. D’abord on met le feu au nid, ensuite on y pense pas trop, l'heure passe vite. On repousse encore on fait mine d'oublier qu'on devait rentrer. Et pendant ce temps, le nid se consume en grosses flammes. Nous rajoutons du papier, de vieux mouchoirs, de l'herbe qu'on ratisse avec nos mains, nos doigts, nos ongles. La nuit tombe.


On se donne rendez vous à la butte ou sur le terrain. On fait des tours, nous parlons. Nous faisons de petits feux derrière la butte qui nous abrite. On a pas le droit mais. On joue au foot ou on fait des tours de terrain. On joue aux boules aussi, parfois on se les jettes dessus. On fait des courses de vélo autour du terrain, on imagine qu'il est miné.


Ici pas d’écume, ni de digue, où la route, le rond point, des caillasses, pas de lyre. Des objets qu’on reçoit, des jeux qui occupent, dans des gymnases ou des écrans. On se passe la manette. On se tacle lors de jeux obscurs où la balle est le centre de tout. On ne comprend pas bien les équipes au début, c'est toujours le début. On se change dans des pièces froides où marcher pieds nus suppose un devenir verrue, on se presse. À l'école l'heure est compté on est en cours, on court, en rond. La personne qu'on doit écouter siffle dans un truc, elle gueule : stop !, on arrête, et tant mieux. On épongera notre fatigue et ses laisses pendant les deux heures qu'il nous reste, de sciences-humaines et de géographie. Aujourd'hui on n'a pas d'ennemi, à la sortie rien à craindre.

(...)

Parfois les vitres tombent. Ce sont des bouteilles d’éther vides qui les tiennes depuis qu'un pylône plus monstrueux que la tour Eiffel et un transformateur électrique d'environ 200m² loi carrez viennent d'être installé. On dispose du paysage comme de ses habitants. On est pas grand chose dans tout ça. C'est comme ça qu'on nous considère, transposable à souhait, compostant, éléments parmi d'autres servant à composer le vide pour lequel nous concourons. Point par point le monde est rongé, et il faudrait encore essayer de sourire. Les vitres sont retenues par un flacon vide, le courant a été coupé, les verrous défoncés, il n'y a pas vraiment d'intérieur. On entend dehors le bourdonnement ininterrompu du transformateur électrique, les claquements soudains du courant en excès, cette surtension qui nous habite et joue de la mort avec nous.


Certains sont arrivés là pour ou par le travail, par manque de moyens, rarement par choix. Le travail ne dure pas toujours. On nous donne du travail comme on nous le reprend. On travail pour quelqu'un, pour une boite, on est préparateur de boites, techniciens-domiciles. Pour commencer, on nous a appris à chercher du travail. Nous sommes avant tout des chercheurs dans le domaine bouché du travail. On en vient à incarner seul tous les domaines de la servitude, on en vient à œuvrer pour tous les domaines du désœuvrement et de la solitude.

Les quartiers sont des villes. Notre quartier était un rond point.


Tous, sans moyens, classe moyenne moins, plutôt classe manquante, déclassée, classe oubliée sans classe, habitués à déshabiter. Nous sommes cette partie du monde qui n'est pas sondé, nous sommes des millions d'oubliés. Sous nos yeux les décisions sont prises. Nous sommes fait, impliqué dans le bon déroulement de notre propre mise à mort.

(...)

On se côtoie, ils disent qu'on se fréquente, certains ne vont pas à l’école. Il faut occuper le temps ou se laisser occuper par lui. On s'appelle d'une porte à l'autre on s'appelle d'une fenêtre à l'autre d'un fil à l'autre. On fait des gâteaux. Il y a ceux qui traînent et ceux que l'on empêche de traîner avec ceux qui traînent. Les traînards ici ne sont pas bien vu. Ils sont souvent ceux dont les parents n'ont pas de travail. Plus de la moitié des habitants du quartier n'ont plus de travail. Nous n'avons pas encore l'âge de travailler, à défaut nous nous battons. Les parents qui travaillent sont les absents, les travailleurs sont absents. Comme le père qui part avant que le jour ne se lève. Les femmes, mères et sœurs, sont souvent enfermées là, elles tiennent le quartier, les pas de portes, les fourneaux, les gamins. C'est encore le vieux monde qui persiste, lamentablement. On a de l'imagination, on imagine que tout ça n'a aucun sens, on pense que ça ne va pas durer, on se dit que plus tard on ne sait pas ce qu'on fera, on se projette difficilement plus loin que dans le quartier d'à côté, et vouloir rejoindre le quartier d'à côté, c'est déjà prendre des risques.

On s’observe, on s’emmerde. On collectionne les trucs qu'on trouve. On se jette des regards. Puis des sourires. Puis des caillasses. On simplifie les choses. Directement. On mange des graines on jette la coque par terre on attend là on est juste là. On attend quelqu'un si tu veux. On ne fait qu'attendre. On crache, des coquilles ou de la salive. On découpe des branches machinalement en parlant. On se dit des trucs dans le dos du monde autour. En ce moment c'est sa coupe. On a des passions provisoires en fonction des arrivages, des nouvelles figures, des fins de stocks. En banlieue de campagne, on a les fins de stock des banlieues des villes, qui eux même héritaient des fins de stocks des villes. On se passionnait des copies de copies. On naît comme désagrément.

Souvent la nuit tombe au rythme des portes de garage. Il se passe souvent quelque chose dans notre part de quartier. Les choses demeurent incertaines, comme le quotidien de tous. Une bagarre, un accident, une fête, un anniversaire ou un incendie. Parfois rien, l'ennui. Très souvent les fêtes nationales finissent mal, déjà on y va craintifs, craignant. La nuit tombe, la lourdeur de l'air et les mauvais vins font l'ambiance, se mélangent aux quelques drapeaux qui flottent ou coulent, c'est selon. On assimile les drapeaux à une ambiance de merde. Souvent les soirs où les drapeaux sont sortis ça sent le vomi au pied des murs. On va au feu d'artifice mais si on est trop petit on doit rester loin, dans le noir ça envoie des explosifs maison qu'on fait dans les garages. Il y a deux modèles différents de portes de garages. C'est pas des garages électriques. Quand un garage s'ouvre tout le monde le sait. On sait que c'est le premier à aller au travail, la nuit, le matin, ou à rentrer du travail, la nuit, le matin. Si il y a eu des traces de pneus sur le stade c'est autre chose. Très souvent le garage est un placard de plus. L'ennui tombe sur nous, l'époque est loin, en bord de route.

(...)

À l’école, nous regardons les cloportes, dans les boites avec de la terre. Les cloportes se cachent de la lumière, rutilants. À la maison je dessine un cheval de mythologie. Je contourne le bois, aligne des planches, une à une. Je pense aux cloportes.

On se réfugie, sous un arbre, dans un arbre, un coin, une rue, un garage, une forêt, sous un porche, dans un tiroir, au dessus d’une feuille de papier. On se retrouve seul face au papier silencieux.

Nous longeons les sillons tracés dans la terre par les machines, les tranchées, pour y trouver des morceaux d’amphores ou de tuiles, à la recherche d’un passé, d’une histoire. C'est un ateliers, on y va plutôt que de trainer. Nous ne remuons pas la terre nous la parcourons sur la pointe des pieds. On se raccroche à ce qu’on peut, on apprend à situer. Toujours enfant, et déjà, on rassemble les morceaux. Longer les sillons, les lignes, nos lignes. On se sent proche de la forêt, de la terre meuble qu'on foule. On apprend à faire attention au sol, on apprend à quitter un après midi la dureté des murs où l'on grandit.

(...)

Restructuration du futur





Science-comportementale, restructuration des regards,
psychologie punitive, existences abrégées,
conjugaison des ordres, restructuration punitive,
psychologie comportementale, abréviation des regards,
ablation punitive, science de l'enfermement,
conjugaison des peines, algèbre de la servitude,
science du regard, psychologie punitive,
prospective de l'enclosure, action sur le présent,
investissement dans la mort, ordre des regards,
restructuration des existences, ablation du présent,
redistribution punitive, science de la servitude,
enclosure générée, dégradation psychologique,
prospective affairante, action sur le passé,
détour sur investissement, transaction des regards,
ordre du présent, ablation de l'existant,
restructuration des vies, algèbre comportementale,
psychologie de la mort, restructuration du futur,
science de l'enclosure, surveillance comportementale,
punitif préventif, conjugaison des ordres,
déformation professionnelle, science spécialisée,
maintient des regards, inflation des peines,
comparution journalière, volontariat,
transaction des corps, redistribution sur investissement,
disposition systémique, inflation des regards,
psychologie de l'oublie, abréviation du présent,
démocratie punitive, domination des regards,
restructuration de l'enclos, déplacement des ordres,
extension des services, management de la paix,
transhumance des stocks, assèchement des ressources,
regard par destination, existence probatoire,
diminution des rapports, systémique comportementale,
intégration de flux, prospective conseilliste,
diminution à la source, multiplication des plaies,
exemple punitif, gradation des contrôles,
observation participative, restriction qualificative,
redéfinition des biens, partage des morts,
intégration relative, science du maintiens,
assignation préventive, psychologie administrative,
juridiction des soins, investissement extensif,
dissimulation des preuves, transmission des peines,
ablation des désirs, diminution des plaintes,
détection des regards, identification comportementale,
surveillance volontaire, entreprise civique,
sacrifice environnemental, ressources humaines,
notation qualitative, sciences quantitatives,
facteur vie, déformation des corps,
attribution des coups, restructuration des charges,
bénéfices du doute, retour sur enclosure,
élaboration des filtres, réduction des prismes,
existence par destination, regard probatoire,
régression comportementale, psychologie systémique,
entropie langagière, science de la communication,
professeur de maintiens, collectivisation du vide,
esthétique punitif, restrictions cognitives,
enclosure des désirs, capitaux prospectifs,
transition des charges, affectation des ordres,
redéfinition des fonds, bénéfice des ressources,
aberration comportementale, science de l'individu,
rétention des biens, inflation des regards,
ablation au long terme, bannissement de l'existant,
confiscation des sources, mesures d’exceptions,
science de la dégradation, empowerment des peines,
stratification des comptes, normalisation des gestes,
reproduction des pertes, assimilation des manques,
fabrication du vide, transaction sur le passé,
restructuration des pôles , fragmentation des routes,
distribution du chiffre, redistribution des corps,
répartition des morts, algèbre de l'argumentaire,
corporation désintérêt, désintégration des opposants,
annulation des dires, désapprobation des autres,
désengagement des équipes, stratégie du vide,
alignement des fonds, dépôt continental,
science de l'inflation, notation comportementale,
confusion pénale, défection des êtres,
mépris de classe, auto-persuasion,
valorification qualitative, science des termes,
destruction des ordres, comparution préventive,
enclosure des regards, redistribution des coups,
codéveloppement punitif,
extension du domaine de la mort,
privatisation des eaux, refroidissement des corps,
réchauffement des terres, science de l'habiter,
terreur comportementale, investiture des clos,
exceptions journalières, normalisation des peines,
répartition des pierres, disparition des êtres,
anéantissement des sens, gestion des comportements,
classification des regards, orientation des cibles,
confiscation des biens, requalification des termes,
étude des probités, disposition des foules,
mobilisation des partenaires, répartition des verbes,
transaction des compétences, évaluation des profils,
mise en réseau des concourants,
intégration des concurrents,
récurrence conseilliste, propagation des guides,
enluminure des fers, marquage à chaud,
corporatisme bienveillant, investissement atomique,
placement cordial, restructuration des regards,
analyse comportementale, déformation des mains,
service obligatoire, valeur communicante,
psychologie des foules, maintiens de l'ordre,
dispersion des corps, symbolique du don,
retour sur charité, placement de fond,
aumône situationnelle, tutelle objective,
procédure adaptable, conjecture favorable,
anticipation des pertes, bénévolat,
punition participative, autoritarisme passif,
science de l'écrasement, réforme des désirs,
corporation protectionniste, enclosure volontariste,
communauté d’intérêt, éthique de la sympathie,
masque de la bienveillance, pratique de l'accueil,
concordance des faits, existence à charge,
expérience de l'individuation, prospective de la terreur,
externalisation des causes, fabrication des faits,
valorisation des partenaires, acteurs bénéficiaires,
économie environnementale, écologie sociale,
science de la catastrophe, localisation des disponibilités,
répartition des pénuries, plus-value sur les manques,
capital décès, rentabilité migratoire,
mise à flot des corps de flux, engagement du personnel,
présence sur le terrain, formation des équipes,
distinction des membres collaborateurs,
constitution du territoire,
transmission des stratégies d’acquisition,
déploiement des forces de recrutement,
conception des méthodes de délabrement,
science de l'encadrement,
procédure de désengorgement, dispersion des faits,
transaction des codes, isolement des cas,
désajustement partiel, bilan compétences,
réactivation en milieu rural, valeur travail,
partenaires actifs, comptabilité durable,
développement des acquis, redéploiement stratégique,
économie de la réactivité, durabilité punitive,
pillage équitable, dérèglement méthodique,
rétribution horaire, domestication participative,
artificialisation des sourires, disponibilité de l'offre,
enjeux territoriaux, mise en scène de la menace,
procédure d'exemplarisation,
diminution du travail vasculaire,
appauvrissement des échanges,
enrichissement de l'imposture,
distribution des rôles, mise en concurrence des jours,
confiscation des regards, prescription alimentaire,
réquisition territoriale, dystopie récréative
pédagogie de l'oublie, enclave participative,
mobilisation territoriale, désengorgement des capitaux,
mise à disposition des ressources, validation des acquis,
mise à pris des offres, tri à la source
déplacement des localités,
grammaire de la neutralisation,
déformation des visages, dissimulation des peines,
simulation des plaisirs, tire à vue,
utopie rentable, répartition des corps,
classification des membres usuels,
rétrocession des places,
réinvestissement du champs lexical des opposants, absorption des cultures,
rehaussement des plants, mesure des cycles,
confinement des acteurs, distraction des partenaires,
balisage des eaux, sédimentation des clôt,
mise à sec des courts, mise à sac des êtres,
correctionnalisation des restes, privatisation des routes,
plus-value de la terreur, déstructuration de l'habiter,
répartition des demandes,
mise en environnement des regards,
conditionnement de l'environnement,
environnement sous condition,
conditionnement des vivants, brancheïté par brancheïté,
étude des rhizomes, étude des devenirs-environs,
de la mise en environ de tous, commission des jours,
mise à court des eaux,
dispositif en creux des milieux peu profonds,
des encouragements de stagnation,
du développement des algues,
au dégagement des gaz, valeur-poisson,
quantité-torrent, taxation légumineuse,
les cours de l'eau, les cours de l'air,
le cour du cul à la bourse cotée, courant particulier,
coach de bottes, coach de touches,
environnement de mise, perturbation des regards,
guerre psycho-cognitive, comportementalité des foules,
algèbre du conditionnement, déforestation prévisionnelle,
facteur environnemental, catastrophe naturelle,
spéculation des fins, investissement dans l’effondré,
rapport stabilité, rationnement énergétique,
réquisition environnementale, sur-expiration des gains,
négociation des résistances, commerce des affectes,
terrorisme stabilisateur, prospective post-acte,
neutralisation des mouvements,
mise en concurrence des pertes,
fragmentation des biens, déclinaison des marchandises,
serviabilité des offres, fiabilité des acteurs de l'entreprise,
sécurisation des partenaires de la société,
miroirisation de l'écran,
mémorisation des déplacements,
classification des regards,
muséification des villes, attraction régionale,
thématique locale, intégration des autochtones,
mise en œuvre des autochtones, authenticité mesurable,
coopération citoyenne, valorisation des particularités,
thématique régionale, rassemblement des acteurs,
scène locale, sentiment territorial,
parcours découverte, espace détente,
point de rassemblement, air de jeux,
dispositif santé, formule bien-être,
assignation de la prise en charge, tutelle écologique,
assistance ludique, service sécuritaire,
dénomination des nuisances, incitation du dire,
infiltration des agents, contrôle des manœuvres,
tourisme participatif, travail moléculaire,
échantillonnage des marchandises, partage spéculatif,
alimentation des regards, cumul des vues,
rémunération sur apport, matérialisation de l'esprit,
valeur pensé, rétribution du don d'idée,
notification sécuritaire, notation contrôlée,
résidence mission, médiation inclusive,
séminaire comportementale, thérapie ludique,
cogestion des regards, self bénéficiaire,
écologie sécuritaire, ( ... )  


Extrait d'un long texte en court d'écriture 
entre aout 2019 et septembre 2019

 

19/06/2019

corps de temps






N'est pas grand chose, est bien connu, n'est pas si grand, pas si lourd, s'observe et s'image, il est une sorte d'ambiguïté / le corps n'abonde pas, se creuse, fait mine, restreint est restreint, il se casse / on peut casser le corps, le brûler, le briser, le dissoudre, le propulser, l'amoindrir, le destituer, / le corps à besoin d'aide et n'a pas besoin d'aide, sait se défaire, muter feindre, s'abstraire, fendre, sait se joindre, est joint, est mis en relation, mis en liens, en vue de comparaître / comparaissent, sont astreints, se terrent seuls / (il éclos) / corps enquille, stabilise et chute, sait s'en remettre, corps suffisant, ne cesse de se suffire, de s'extraire, de s’emplir, corps abondamment étudié, fixé, filtré corps exfiltré, démunie, le corps est bien connue, on en a trop dit du corps est ce qui est dit / est las / est debout, est entassé au fond, / corps passent leurs temps à s’abîmer, / l'un dans l'autre se fondent et se reflètent, ne cessent de s'esquinter, de s'inquiéter, de proie corps d'esquive, mouton de Panurge et patauge fœtal, corps de fuite, de chaire et d'os, corps défait, / le corps n'est pas terminé, il est embauché, emboîté, débuté, heurté aux parois de peau de son trou, corps de trop, d'éclat, corps de tas, d'état corps froid, corps identifié, civile de son nom, corps d'enclume, d’emphase, conduit et reconduit, à la chaise aux frontières, fixe corps conducteur, flux d'attaques et de chutes, obsédant corps absent, pot d'organes sanglées, corps sanglant, exproprié de son jus, n'est pas grand chose, / est bien connu, / est une réunion de membres émérites, le corps pousse et se déplie, tire et se rétracte, diminuant, matière floue truande les mondes, corps s'offre aux travers des ordres, s'expose fait face et figure, de signes étouffés, corps ennuyé, tordu aux plis des cordes qui le disent, d'envergure glisse sur la pente d'un corps détruit, corps de plaidoirie, corps à contumace squatté de cent visages / fonction de corps et d'oppression, petite chose maintenue, de l'en dehors et de l'en dedans, support de toutes les suspicions, corps projeté, de langue et d'écarts et de ses suites dans le temps, corps caché, corps décevant, fourche, de plâtre et de marbre, corps d'encombre, long fil et tête de courge, corps d'attente, support et lieu du feu maintenu, corps entretenue entre-corps, médical, patient, dédié, attribué, le corps est un détail, est l'élément, la perturbation, l'ennemi, le corps est dispersé, il est tiré, il est passé, est frappé, brûlé, rompu, le corps est asséché, est éteins, le corps est tue /, il est sommé, sommaire, corps sommation, le corps est craché, mis en chaire et retiré, le corps est vomi, mutilé le corps est retrouvé, de terre et de bave, de cyprine et de sang, de graisses de cire le corps est changé, repassé, petit à petit se perd, de sa prétendu multiplicité, de paire, corps perdu, petit à petit moyen faisant le corps s'évase, / corps étendus, penchant, ficelé, surface est sillonnée, dont la structure sèche se fend, héberge le feu, l'eau, l'air, le corps de temps abrège, héberge, grouille d'atomes vibrants, sature de cellules invisibles et combattantes, le corps est une place vacante, tout en lui bouge et le dit, corps de faims, transforme et convulse, en course d'air, de trous et de respirations, de soleils silencieux que ponctuent les coups que prend le corps, obstrué par mille principes, une mémoire d'enfant portant cent villes au cœur, / déjà parcourus / on s'absente à lui, le corps s'absente et suis la tête, le corps est maigre, il s'expose, en temps de pose longue, puis il reste, comme avant, sans vraiment n'avoir jamais été là, le corps est prêt, corps est hors de tout, le corps est long et dur, il naît dans l'eau, est plongé, flotte est remous, berce est bercé, se froisse, / dans la rue se heurte, n'est pas plus que ça / il répète un mouvement circulaire, se rassure, le corps ne dure pas longtemps, il s'arrange, l'accord n'est pas quotidien, le corps se braque, est braqué, se brusque, se fait contrôler, se fait miner / le corps meurt, est maintenu / quitte ici, s'échappe et s'échaude, tombe de haut en bas, glisse et gonfle, est embrassé, le corps est caressé, parcourus, tombe dans la bouche, est aspiré, tremble, ralenti / le corps est déjà fait / imite et limite, le corps est en transit, il se nourri, est nu, est nu et converge, reproduit, le corps est nuit, recomposé, le corps image se détruit, patiente, mémorise, se lève, se peine, est peiné / le corps est délaissé, le corps n'est pas reconnu, est sans importance au fond, il ne va pas partir sans nous, le corps se vide et se rempli, quitte et reviens, tire est tiré / ses extrémités pointent / corps grabuge frotté aux gravats, continue de s'étirer, le corps est léché, est hésité, s'effondre en creux s’épanche contre corps, ils s'écourtent et se répètent, les corps se pensent les uns les autres, s'attachent en dehors d'autres corps, à l’abri du monde / le corps se fige est neutralisé / il est entouré, le corps est dessiné, tracé, contourné, il flotte et on l'oubli, le corps est confondu, ne compte plus, il compte, démembré, il est mutilé, chiffré, mis en ligne mis à bas, mis à mal, corps est mis en joug, cadré par l'objectif, cerné par des repères, le corps est reporté, asservie, amoindri, réduit, le corps s'engouffre dans une masse, se termine / le corps est poursuivi, se déplace, est tracé, disparaît, le corps dévore est dévoré / est un amas de contradictions / le corps est habitué, il est habité, le corps est quitté / est reconduit, est contourné balisé, justifiant obligé, est épuisé / le corps est laissé là.

 brouillon / notes
sans corrections / avril et mai 2019

09/03/2019

de la repr





                                                                                                 2018

Amorces



Publication dans
le numéro 19 de la revue Nioques
et lecture à Paris en avril 











poème depuis trop tard






on avait bien prévenu
depuis la plage
que le retour
serait impossible


on avait bien dit
constat de vos troubles crises
agents de la représentation
qu’on ne distinguait plus bien
l’uniforme du civil

que le civil lui-même
c’était confondu
de la tête au cul
dans le décors qui l’habillait

ce qui devait arriver arrive
nos jolis petits poèmes
de prospectives abrasives
ont été concurrencés par le réel

c’est ce qui est dit
et encore

le réel comme on le nomme
aurait pris un peu d’avance
sur le retard de votre poussive réalité

sachez
pour commencer
qu’on ne discute pas avec les traîtres

voici l’une des marques de notre primitive éthique
nous parodions vos prétextes fabulistes-démocratiques

c’est peut être aussi et selon vous
le signe de notre manque d’ouverture
condensé de sommes de mauvaises volontés
notre part
cet éternel manque de civisme
dites vous

étrange chose que l’injustice
se plaigne de l’incivilité


il nous faut vous faire remarquer
qu’à ce jour
la violence présumée
s’est contentée de pousser les portes
de vos taudis de parts de sièges

nous ne sommes pas entrés

nous autres un peu sauvages
mais foule est faite de sages

nous renifler d’abords
nous sentir
nous mordre ensuite

tous les corps de métier sont à la rue
boxeur dernier en date
à quand les artificiers

désormais
c’est le 1er mai toute l’année

notre propre est de ne rien pouvoir prévoir
d’y voir suffisamment clair pour faire sans prédire

est là votre gène

ce qu’il manque à la gouvernance
c’est la vue et l’ouïe
ils cherchent déjà et toujours
en temps de chute
les oreilles et les bouches corrompues
quelques yeux en manque d’attention

je t’écris depuis ce lieu quelconque
que tu sauras sans doute retrouver
appuyé de quelques de tes agents appareillés

ce lieu vague et mouvant
des lieux que je suis en lieux que je foule

depuis la plage que j’ai quitté
au dehors du désert
de communes petites entreprises en crise

depuis ce lieu quelconque qui pourtant t’échappe
des menaces que nous sommes
champs, rues, aéroports, gares
depuis l’attente et depuis trop tard

pour conjurer le vide qui te constitue
tu te nourris de nos expressions
de ce que tu en tires de conclusions
tu te nourris et nourris ainsi
les récits que tu montes et qui justifieront
les moyens de ta piétinante progression

tu te renseignes
l’air de rien
tes supérieurs fabriquent
les croisements qui te serviront à relier
le balbutiement de tes organes vérolés
l’air de rien
te pensant camouflé de tous
protégé

ce qu’il reste à faire
en ces temps qui mettent
à nu tout le jeu pipé
que tu souhaites voir perdurer
à nu l’incertitude et l’impéritie
qui on fait des tiens les héritiers
d’un bien pourtant commun
à nu

ce qu’il nous reste à faire
c’est te conseiller
te faire part
de nos bons conseils d’ouvriers

dans la seule langue que tu connais
nous allons t’entraîner
produire du collectif
faire de toi un concourant
nous serons créatifs
tu deviendras le devenir
l’acteur de ta propre victoire
tu as le premier rôle
au sein d’une organisation systémique
c’est une séance participative
sur le thème du départ

notre vœux le plus sincère
tu le sais
alors voilà
pars, quitte
ton poste, ta fonction
tes horizons magouillards
les dessous de table que tu sécrètes,
ta somme de sales petits mensonges
ce que tu appelles encore carrière et mérite
fuis, cours, quitte

sache qu’il n’y aura pas de discussion
pas d’ordre possible
pas de retour probable
on sait se pendre à tes mots
nous ne venons de nulle part

sache que si tu insistes
si tu persistes
à venter la fermeté comme seule oraison
c’est la fermeté qui viendra à toi
mais cette dernière sera celle de la fureur
et l’histoire sait où et comment
l’humanité à su se perdre
se confondre en charnier

au fond
tu suis ce chemin là
car c’est cela ton manque
l’air de rien
ce que tu souhaites
des images de suite et de fins

plus rien ne tiens
partout d’imbéciles fascistes
prennent les pouvoirs
de n’avoir qu’en unique projet
l’anéantissement de tout
ce qu’il reste de vie sur cette Terre

tous agissent en colons décérébrés
bafouent les droits premiers
tous incapables de reconnaître
de percevoir
incapables de sentir
de voir
d’embrasser ce qui est là

tous poursuivent de viles manœuvres
aux services de leurs poches et de fait
contribuent à l’enracinement d’une misère
sensible, matérielle, affective

voilà pourquoi et comment
toi aussi
tu es arrivé là

si nous ne faisons pas tomber
les pouvoirs en place
et l’ordre nauséabond
qui règne sur nos vies
cette terre qui nous précède
faite de tous les éléments qui la soude
ne tardera pas à disparaître

je t’écris depuis trop tard
pour t’aiguiller
comme on aiguille à notre façon
les castors contenants que tu achemines
discrètement

agent
dis à tes supérieurs
de mettre la clé sous la porte
nous nous chargerons nous même
de l’état des lieux

dis leurs qu’il n’y a pas de gueux
et qu’internet n’est pas la raison
de la présente colère bourgeonnante

dis leur que nous redistribuerons
les terres et les pierres

dis leurs encore
que ce qu’ils craignaient hier de l’outre-mer
suit sont court incendiaire
ici même

qu’il ne faudra pas plus de trente semaines
pour faire de la France un pays insulaire

nous connaissons les arrières-cours
la gestion des foules
la fragilité des poutres

tous ce qui t’échappes t’effraie
nous sommes de ceux là

aucun de vos vieux jeux
prétextes à urbanisme
ne suffiront à éteindre le feu
sur lequel on souffle

dis leurs et dis toi
que la fête a commencé

qu’apogée et périgée
en cette époque se confondent

dis leur d’ordonner aux troupes
le retour au panier
d’abandonner toute perspective
offensive et défensive
ne sacrifiez pas les vies
de ceux qui osent encore
retenir vos murs
de leur indiscutable
dessein de ruine

la colère débute déjà
à vous être retournée

avec le temps
nous avons appris
à compter nos morts

dis leurs et dis toi
que la fête a commencé
et qu’une fête qui bat le terre-plein
ne se termine pas toujours bien

depuis nulle part
depuis trop tard


janvier 2019 

___


Texte publié sur le site lundimatin :
https://lundi.am/Poeme-depuis-trop-tard


Retours sur Constats (2015)

Constats
2015, extraits.
1- Mouvement d’eau. Eau (allers). Ressac. Chaque obstacle est amplifié. Mouvement d’eau marque le sol. Retient. Mouvement d’eau devient mouvement du sol. Mouvement dessiné en empreinte. Traces. Puis effacé. Remarqué. Mouvement remarqué de l’eau. 
2- Sol dur. Corps lourd. Corps marquant le sol. Sol marquant le corps. Réversibilité.
3- Sur la petite commune. Geste partagé. Mouvement d’émeute. Avant construction. Ou brèche. Sans construction à la suite. Sans suite autre que le souvenir. 
4- Voyage. Nourri l’homme. Conscience d’un retour (daté). Situation avec une fin. Sans conscience de retour (daté). Voyage perpétuel (fixe). Atopique (géographies variables)
5- Mouvement d’eau descendant. Production des nuages de sables. Appauvrissement du sol.  Gradation.  Dégradation.  Stabilisation.  Mouvement  d’eau  ascendant.  Brouillard  de sable. Anarchie de l’eau et du sable. Court arrêt. Mouvement d’eau descendant.
6- Sol dur. Invariable.
7- Sur le souvenir de la petite commune. Commune de temps et de lieu. Événement succinct. Place publique. Gazage. Refus. Retrait recul des forces de l’ordre banalisé(es). Gazage. Retrait pour éviter arrestations. Projectiles. Encerclement. Corps de gaz. Brûlures. Toux. Bile. Rejets. Retrait civile et policier.
8- Genoux pliés. Pieds vers l'intérieur. Cuisses (muscles) tirés. Dos tiré. Nuque tirée. Bras longs. Poignets fins supportant mains longues et lourdes. Particularité ossature colonne deux crochets au lieu d'un. 
9- Avenue moyenne. Graviers. 
10- Avancer vers (eau). Des trous en cône ou cône inversé. Sol mouvant. Avancer. Creuser jusqu'à l'eau. 
11- Ascèse. Bourdonnement des os dans le corps. Exercice du refus. Détachement de la vue proche vers vue lointaine. (intérieur) Reconnaître l’indicible. Pliures (extérieur / intérieurs) Diminution de la vue (physique). Diminution physique. 
12- La roue doit tourner pour tirer la pierre sous la pression du pied. Le vitriole mort la pierre.  L'image  monte.  Jambe  trop  légère  sur  le  bois.  Pression  bras  longs.  Vingt-sept passages. Le vitriole mort l'image. Fait disparaître. 
13- Le plomb est fondu à 280 degrés comme Saturne. 
14- Le vitriole mort l'image. La nuit ne passe pas.
15- Nous ne pas (dysfonction) le cœur tremble ( assuré) 
16- Demain train 12h07 sans correspondance direct 
17- Les barreaux durs du lit à monter nu ( pieds) . La chaleur dure à tenir haut nu (buste). Le dehors éteint  sec  patiente tiède (nuit) jusqu'à prêt dure (aurore)  puis  plus encore (barreau)  écrasant  titube droit  tête  aux  yeux  vers  le  bas  (sol)  Le  sol  vers  la  marche (décélération) tâcher de mourir puis revenir ( réveiller, acte de ) Quitter.
18- = Enjamber / -bement 
19- Notes sur l'île de Patmos et liens. ( Jean / représentant des- / lettres / livres / brochures / lettres / métiers de- / métier du- / Martyr de / saint de- des- du- / ref.  :Sokrat (inversé) 
20- Mouvement de l'eau. Ne rien représenter.
21- Permanence du départ. Incomplétude de l'attente. Retour perpétuel. Fuite en avant.
22- Lieu sans lieu. Présence sans être. Corps sans lieu. Lieu sans être. Présence sans corps. Être sans lieu.
23- Plomb / Tape / Tapée / Moule / Pression / Plomb / Marquage / Saisie / ( césure ) / Tape / Forme de plomb
24- De carte en carte dépouillé même du manque.
25- L'heure. Chercher l'heure. Avoir. (ne pas). Avoir l'heure. Trouver l'heure. Chercher. Quel temps. Combien de temps. Quelles heures. Quelle heure. Combien. (reste). Chercher les restes.
26- Empêchement. User. Produire. Empêcher. En user. User de l'empêchement. Écrire. Écrire au fond (vers le fond/ un fond / à fond / ) En sortir (de). ( + ou – soi )
27- Il y a encore des châteaux. Il y a encre des familles. (qui dominent qui dominent)  : -les terres – les hommes - les villes – les régions – les pays – les mondes .
28- Archaïque comme le présent perpétuel Archaïque  comme toujours déjà Archaïque comme le plus proche Archaïque contemporain.
29-Port de plaisance : naufrage, crue, sécheresse, vase, vagues, tempêtes, nausée, noyade, hydrocution, tonnerre, suffocation, destruction : port de plaisance. 
30- La mer sur ses rives rejette nos corps. Corps échoués emportés. Donnés au ressac et humeurs houleuses. La mer sur ses rives nous renvoie. L'océan nous rend. Le voyage périlleux et clandestin de la vie. Vies venues de trop voilà leurs constat terrible. Vies viennent  remontent  des  eaux  sombres  et  troubles  ;  notre  présent.  Clandestin  c'est l’existence d'une  terre à  l'autre  clandestin  migrant migratoire est le destin de  chaque homme. La mer sur ses rives, que le temps emporte, à tout ce que l'on ferme, éclot le néant, que des chemins incomplets, la mer sur ses rives, nous rend ce que l'on noie. L'océan n'oublie pas.
31- Table. Table collante, table à sept coins. Trou au centre. Tours du centre. Trois trous triangulaires. (trois) . Tourne table (tournée). Trois pieds. Sept coins ou tranches. Tables bois. Trois pieds. Table stable. Trois étrilles dans le bois. Trois pieds métalliques. (de fonte ou en fonte). Une base tenable. Table collante.
32- Chaise. Bois. Demi-hauteur. Quatre pieds. Un dossier. Conscience d'un dossier. Bois peint. Quatre moins une (nombre de). Dossier stable. Chaises fois quatre en tour de table. Stable. Chaises simples. Sans âge. Plus ou moins.
33- Bois. Bois non-ignifugé. Bois prenant -eau/huile/feu. Bois fumant (pouvoir de). Fumée. Bois fumé. (possible de- / projection). Bois brûlé (brûlant). Image (de-par-pour-provenant). Bois brûlé (carbone/charbon). Bois projeté. Sciure possible. Bois possible.
 
 Extrait publié dans le numéro 15 de la revue Nioques (2016)
 
 - J'ai débuté cette écriture en mars 2015, comme une partie d'un tout, un fragment composé de fragments. Cette partie est celle du constat simple, d'une tentative littérale et objective. Il s'agit pour moi, ici, d'écrire dans le détachement le plus complet. Faire ce geste. écrire comme on tape une déposition.  après accident. Ne plus bouger, diminuer le souffle, toutes les traces possible d'un moi, s'effacer, pour dépeindre ou recopier le monde et ses restes.  Cette écriture est aussi un pont entre la pratique plastique, matérielle et la pratique écrite. Une suite d'ingrédients possibles, de propriétés et d'observations nécessaires. Je compte poursuivre cet exercice, contre mon temps. Contre les émotions factices de ce temps.  (janv.2016)
 
______________
 
 

09/12/2018

Avant



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Ces formes brèves aux apparences naïves
et pourquoi pas populaires et chantantes
sont sans prétentions, ni corrections


le 7.10.2018


c'est dimanche
on dit ce qui est là
c'est à dire rien

on était tellement crevé
qu'on n'a pas entendu les cloches
pour une fois, c'est cool

il fait gris et gris c'est ce qu'on voulait,
sans nuances, pour une fois, ça tombe bien
on sort pas
on bédave
on se tiens chaud
on lit des textes
on fait des bonhommes qui gonflent des pneus
on dessine des garages ou des cirques
on distribue les dernières nouvelles du crocodile
c'est à la fin du livre.

un jour sans rien
qu'on s'est pas tiré dessus ou quoi
ni qu'on s'est cassé le dos encore
à ramasser les patates, les prunes
à porter des litres d'eau, de malt, brasser
à fabriquer des images, des sens de lectures

ni jeté des trucs à la gueule
des mots ou autre
à faire des livres, écrire ça
on écrit ça,

pas besoin.
on n'a rien foutu d'aujourd'hui
et c'est temps mieux.

instauration des jachères
et des temps perdus.

vous n'aurez qu'à finir l'histoire,
si vous y tenez.

le jour se lève il est 16h30.

remaniez,
le printemps s'achève,
on est en octobre.

on avait gardé nos short,
putain l'état,
l'état actuel.

- on fait pas semblant tu sais,
- on se cultive pas


on n'a pas la place pour parler,

on a des mots comme :
stagiaire.

on a des mots comme :
bif.

on n'est pas spécialistes,
on sait pas,

sauf que,
des mots qui s'éteignent,
c'est pas bon signes,

on sait ça,

alors on préfère se taire,
tu vois.

on veut pas voyager comme ça

on fait des phrases qui ressemblent aux autres
des phrases quelconques,
une écriture quelconque.

mais on ne vit pas d'amour,
et l'eau n'est plus très fraîche

chaque jour se déclare,
comme une guerre

on partage,
peu de mots,
peu d’appétit,

ou des désirs de tables pleines,
et débordantes, la plaine,
d'alcools en tous genres et d'assiettes
sauvages, palplanche, c'est prêt,
à table, émeute !

On noirci la carte,
on ne pensait pas y aller,
c'est pour ça,
là,

perdu là,
loin d'ici.

on ne s'éclate pas,

à se faire prendre

au jeu de ton manque,

on dose

on va s'étaler,

ne pas trop en raconter.


___



le 24.11.2018



ministre de l'intérieur n'est pas inquiet
police tire balle de caoutchouc

10h45 premières barricades
un feu plié trou le sol en tranche

le dress-code c'est signalétique
ambiance logistique 90

12h25 camion blindé
ministre n'est pas inquiet
mais blanc comme un cul

acab et A écrits sur restaurant
les champs changent de gueule

ça cri démission
ça cri destitution
ça sent sédition
et pneu qui brûle
et gaz au poivre

niquer paris est le chant
les bourgeois se rassurent entre eux

sur les plateaux on fait venir un spécialiste
de la gauche radicale
qui dit que c'est la droite

on dirait des enfants à l’abri
dans une cabane sous l'orage

pendant que ça pète
j’étends le linge

je prépare le repas
la journée devrait être longue

barricade défaite
barricade refaite

14h c'est l'anarchie
dit quelqu'un
qui le dit à quelqu'un

ça dépave ici et là
une femme dit que c'est le début
d'une révolution

foule prend possession
de la devanture
du magasin
pour fabriquer
barricade
non ignifugée

cocktails molotov lancés
sur les CRS
à hauteur du Disney
Store

prise des engins de chantier
pour pousser les barrières

certain disent vouloir renommer
les champs élysées
en avenue de la révolution

on entend que pour parer l'émeute la nuit
l'état va déployer ses milices sans uniformes

les flics hésitent
les riches à la télé font semblant
de comprendre

nombreux blessés
paris france hospitalité

la population charge
les nuages se dispersent

le soleil brille
sur les flammes de la terrasse
du café george V
ou de la grue
ça va jusqu'à saint lazare

22h17
après la douche
et le repas
on lit

retrouve moi

de browne


___


Entre le 24.11 et le 07.12.2018


il n'y a pas mille deux,
ni même cinq cent,
à la fin du mois,
et des temps,

on ne fait que compter
les jours, les heures,
ce qu'il faudrait,
ce qu'il manque,

puis on fini,
par ne plus compter,
que sur nous même,

aucun dispositif,
même d’exception,
ne résiste,
à la colère,
de cinq mille corps,

mon quotidien,
improvisé,
de derniers actes,
sur tes murs en faille
viandes démobilisés,

il n'y aura plus rien,
pour nous tenir en respect,

je ne dors plus,
c'est la chance,
qui se lève tôt,

notre économie,
est sans limite,

et nombre d'entre tous,
ont trouvé en fin une voie,
de professionnalisation,

casse et désordre en tous genres,
dis tu,
voilà une intermittence en or,

pas de tickets césu,
mais de nombreux avantages,
temps partiel et taux plein,
par-brise-parpaing,

et chaque matin,
la faim,

ah tiens,
revoilà les miettes,
pendant que les immeubles s'effondrent,
c'est la police que tu augmentes,

pour que ce peuple crève,
c'est la soupe au mérite,
contre 3% de plus,
ajouté au moins,
si jamais,

et j'effrite,
comme pour taire,
toute la haine,
que l'on traîne,
conditionnelle,
et en sursis,

leur fonction,
c'est t'empêcher,
empêcher toi,
et tous ceux que tu es,
de nuire à ce qui t'es fait,

c'est trop tard,
est ce qui est dit,

alors,
c'est depuis trop tard
que l'on parle désormais,
que l'on écrit,

ton état,
dit-de-droit,
agenouille ses enfants par millions,

et c'est proche du lycée Saint-Exupéry,
à la J à l'envolée,
qu'on te demandera de dessiner
le plus rapidement possible
et les yeux bandés,
un mouton,
un mutin,
une commotion,

on peut niquer ta mère de poésie,
et ses formalités,

j'écris depuis ailleurs,
depuis cette révolte sans style,
faite avec ce qu'il y a,

on fait ce qu'on peut,
et pas toujours ce qu'on veux,

c'est ce que dit la chanson,
que tu n'écouteras sûrement pas,

les murs tombent,
et personne,
ne rendra docile une ruine,

les murs tombent,
les rats se déplacent,
rats que nous sommes,
rongent tout ce qui passe,
pour la forme,

et feu le président,
se souviendra d'une soirée,
avec la pyramide en fond,
un jour de pluie à paris mais,

il n'aura fallu que quelques saisons,



(...)


___




Courant octobre, La vie manifeste à publié le texte
LOTISSEMENTS, naissance de l'abondance.
lisible ici : http://laviemanifeste.com/archives/11869