07/09/2018

Sillonner.



Je suis homme éclaté. Il me faut freiner pour freiner pour. Calmer. Nous ne pouvons qu'essayer. Même si. Freiner. Se ralentir. Se voir ralentir pour. Pour comprendre le monde. Pour comprendre et voir freiner. Calmer soi au monde pour. Mettre à plat le monde rond. Me recomposer. Je suis éclaté. Je suis cultivé. Occupé. Sillonné. Je me suis fait creuser. Séparer. Il faut freiner pour vivre. Il me faut penser. Évacuer la frénésie du temps hors de moi le temps. Il me faut rassembler mes propres morceaux. Faire de petits tas. Comparer les hauteurs les contenants. Trouver dans chaque tas un sens ou plus. Même rassembler les tas si il faut. Il faut sûrement être tout entier pour écrire. Et écrire pour être tout entier. La pensée passe comme la phrase. L'un dans l'autre. Je pense et cette pensée désorganisée en moi éclate et me fend. Fendu en dix lieux. Tous plus loin. Tous plus incompréhensibles. Tous d'une langue folle et désordonnée. Désapprendre c'est reconnaître ce champ retourné en moi. Ce champ piégé de trous et de fers. Ce champ électrique. Désapprendre c'est reconnaître ce champ cultivé. Logiquement dévasté. Je ne suis pas une saison. Les saisons ne sont pas en mon temps. J'ai chaque mois plusieurs saisons dedans. Suis homme éclaté. Hors ou contre toujours peu. Fragmenté dans le temps. Il faut freiner. Diminuer comme tout passe. Pour être tout entier vivant. Écrire comprendre ça. Comprendre écrire ça. Je me consume aussi. Homme divisé hors de toute attente. Être inattendu que personne ne patiente. Sillonner.

  2015 (extrait)